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SCÈNE XX.

BÉLARIUS.

C’en est fait de nous tous.

GUIDÉRIUS.

— Eh bien, digne père, qu’avons-nous à perdre de plus — que la vie qu’il jurait de nous ôter ? La loi — ne nous protège pas, pourquoi donc aurions-nous la délicatesse — de laisser un arrogant morceau de chair nous menacer, — et se constituer à la fois notre juge et notre bourreau, — sous prétexte que nous devons respecter la loi ?… Quelle escorte — avez-vous découverte !

BÉLARIUS.

Nous n’avons pas — aperçu une âme, mais la saine raison indique — qu’il devait être accompagné. Bien que son humeur — fût une mobilité continuelle, passant sans cesse — du mauvais au pire, il n’est pas de frénésie, pas — de folie absolue assez furieuse — pour l’avoir entraîné seul ici. Peut-être a-t-on dit à la cour qu’il y avait — ici, dans une caverne, vivant de leur chasse, des bannis qui un jour — pourraient faire quelque coup de tête. Entendant cela, — (la chose est dans sa nature) il aura pu s’emporter et jurer — qu’il viendrait nous chercher ; mais il n’est pas probable — qu’il se soit hasardé à venir seul, — ni qu’on le lui ait permis ; nous sommes donc trop fondés — à craindre que ce corps-là n’ait une queue — plus terrible que la tête.

ARVIRAGUS.

Que le dénoûment — soit tel que l’auront prédit les dieux ! Quoi qu’il arrive, — mon frère a bien fait.

BÉLARIUS.

Je n’étais pas en train — de chasser aujourd’hui : la maladie de ce garçon, de Fidèle, — m’a fait trouver le chemin bien long.

GUIDÉRIUS.

C’est avec sa propre épée, — qu’il brandissait sous ma