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CYMBELINE.
l’Italie ; il doit s’embarquer à Milford ; — j’allais le rejoindre, lorsque, presque épuisé par la faim, — je me suis laissé aller à cette faute.
BÉLARIUS.

De grâce, beau damoiseau, — ne nous prenez pas pour des rustres, et ne mesurez pas nos bonnes âmes — à notre sauvage demeure. Vous êtes le bienvenu. — Il fait presque nuit. Vous accepterez un repas meilleur — avant de partir, et nos remercîments pour être resté notre convive. — Garçons, faites-lui fête.

GUIDÉRIUS.

Si vous étiez femme, damoiseau, — je vous ferais une rude cour, rien que pour être votre fiancé. D’honneur, — j’achèterais cette faveur au prix que je dis.

ARVIRAGUS.

Cela me rassure, — qu’il soit homme. Je l’aimerai comme mon frère…

À Imogène.

— Oui, l’accueil que je lui ferais — après une longue absence, recevez-le de moi : vous êtes le très-bienvenu ! — Soyez joyeux, car vous êtes tombé parmi des amis.

IMOGÈNE, à part.

Des amis ! — si c’étaient des frères ! Plût au ciel qu’ils le fussent ! — ils seraient les fils de mon père ; ma destinée — eût été moins importante et d’un poids plus égal — à la tienne, ô Posthumus !

BÉLARIUS.

Quelque souffrance l’étreint.

GUIDÉRIUS.

— Que je voudrais l’en délivrer !

ARVIRAGUS.

Et moi ! quelle qu’elle soit ! — à tout prix, à tout risque, grands dieux !