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CYMBELINE.

civilisé ? qu’il parle ! Est-ce un sauvage ? — qu’il me prenne ou me prête la vie !… Holà !… Pas de réponse. Eh bien, entrons ! — Tirons toujours mon épée ; pour peu que mon ennemi — ait peur d’une lame autant que moi, il osera à peine la regarder. — Donnez-moi un tel adversaire, cieux propices !

Elle disparaît dans la caverne.
Arrivent Bélarius, Guidérius et Arviragus.
BÉLARIUS.

— C’est vous, Polydore, qui vous êtes montré le meilleur chasseur — et qui serez le seigneur de la fête ; Cadwal et moi, — nous ferons le cuisinier et le valet : c’est notre convention. — L’industrie sécherait bien vite ses sueurs et finirait, — si elle ne travaillait pas dans un but. Venez : notre appétit — rendra savoureux ce repas grossier. La lassitude — peut ronfler sur la pierre, quand la paresse inquiète — trouve dur l’oreiller de duvet.

Se dirigeant vers la caverne.

Allons, paix à toi, — pauvre demeure qui te gardes toi-même !

GUIDÉRIUS.

Je suis épuisé.

ARVIRAGUS.

— Je suis faible par la fatigue, mais fort en appétit.

GUIDÉRIUS.

— Il y a de la viande froide dans la caverne ; nous allons la brouter — en attendant que notre gibier soit cuit.

Ils avancent vers la caverne.
BÉLARIUS, devant la caverne.

Arrêtez ! n’entrez pas : — s’il ne mangeait pas nos vivres, je croirais — qu’il y a là un être féerique.