Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 5.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
SCÈNE XV.
savent — que tu m’as injustement banni : aussi, — je t’ai volé ces enfants à l’âge de deux et de trois ans, — voulant te priver de postérité, — comme tu m’avais dépouillé de mes terres. Euriphile, — c’est toi qui fus leur nourrice ! Ils t’ont prise pour leur mère, — et chaque jour ils vont t’honorer sur ta tombe. — Et c’est moi, Bélarius, nommé maintenant Morgan, — qu’ils prennent pour leur père véritable…
Son du cor au loin.

Le gibier est levé.

Il s’en va.

SCÈNE XV.
[Aux environs de Milford-Haven.]
Entrent Pisanio et Imogène.
IMOGÈNE.

— Tu m’as dit, quand nous sommes descendus de cheval, que l’endroit — était à deux pas. Il ne tardait pas à ma mère — de me voir pour la première fois, autant qu’à moi d’arriver… Pisanio, mon cher, — où est Posthumus ?… Quelle est donc la pensée — qui rend tes yeux si hagards ? Pourquoi ce soupir échappé — du fond de ta poitrine ? Ton portrait, fait ainsi, — passerait pour l’image de l’anxiété — inexprimable. Prends — une mine moins farouche, avant que l’égarement — ait gagné ma ferme raison. Qu’y a-t-il ? — Pourquoi me tends-tu ce papier — avec ce regard menaçant ? Si c’est un beau temps qu’il m’annonce, — dis-le par un sourire ; si c’est un temps affreux, tu n’as — qu’à garder cet air-là…

Elle ouvre le papier que lui a remis Pisanio.

L’écriture de mon mari ! — L’Italie, cette damnée fai-