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SCÈNE XIII.

IMOGÈNE.

— Eh bien, Pisanio ?

PISANIO, lui remettant un papier.

— Madame, voici une lettre de monseigneur.

IMOGÈNE.

— De qui ? de ton seigneur ? Ah ! c’est de mon seigneur ! de Léonatus ! — Il serait bien savant, l’astronome — qui connaîtrait les étoiles comme je connais son écriture : — il lirait l’avenir à livre ouvert… Dieux propices, — faites que ce qui est contenu ici me montre mon seigneur amoureux, — bien portant, satisfait… non pas — d’être séparé de moi (il faut qu’il en souffre… — il est des souffrances salutaires, et celle-là est du nombre, — car elle fortifie l’amour), satisfait — de tout, excepté de cela ! Avec ta permission, bonne cire !

Elle décachète la lettre.

Bénies soyez-vous, — abeilles qui faites ces fermoirs du secret ! Les amants — et les signataires de billets protestés ne font pas pour vous le même vœu : — c’est vous qui envoyez les débiteurs en prison, mais aussi, — c’est vous qui scellez les tablettes du jeune Cupidon !… De bonnes nouvelles, ô dieux !

Elle lit.

« La justice et la colère de votre père, s’il allait me surprendre dans ses États, n’ont pas de cruauté qui m’épouvante, pour peu que vous consentiez, ô la plus chère des créatures, à me ranimer par votre vue. Apprenez que je suis en Cambrie, à Milford-Haven. Faites en cette circonstance ce que votre amour vous conseillera. Votre bonheur est le vœu de celui qui reste fidèle à ses serments et dont l’amour grandit toujours, de votre.

Léonatus Posthumus. »

— Oh ! un cheval avec des ailes !… Entends-tu, Pisanio ? — Il est à Milford-Haven. Lis, et dis-moi — quelle