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CYMBELINE.
poser — ses intentions bestiales, alors il a une cour — qui lui importe peu et une fille dont — il ne se soucie pas… À moi, Pisanio !
IACHIMO.

— Ô fortuné Léonatus ! je puis le dire : — la foi que ta femme a en toi — est digne de ta confiance en elle, comme ta rare vertu — l’est de son inébranlable fidélité… Vivez longtemps heureux, — vous, la femme du plus noble seigneur dont jamais — pays ait été fier, vous, qui ne pouviez être que la compagne — du plus noble ! Accordez-moi mon pardon. — Je ne vous ai parlé ainsi que pour savoir si votre foi — était profondément enracinée ; je vais vous faire de votre mari — un portrait exact cette fois. Il est l’homme — le plus accompli qui existe ; c’est un saint enchanteur, — qui charme toutes les sociétés : — la moitié du cœur de tous les hommes est à lui.

IMOGÈNE.

Vous lui faites réparation.

IACHIMO.

— Il est comme un dieu descendu parmi les hommes ; — il a une sorte de majesté qui le fait paraître — plus qu’un mortel… Ne soyez pas offensée, — très-puissante princesse, si j’ai osé — éprouver votre foi par un faux rapport. L’expérience — a confirmé votre généreux jugement — sur l’homme accompli que vous avez choisi, par une infaillible consécration. L’affection que j’ai pour lui — m’a porté à vanner ainsi vos sentiments ; mais les dieux vous ont faite — différente des autres femmes et pure de toute ivraie. Votre pardon, je vous prie !

IMOGÈNE.

— Tout est réparé, monsieur. Employez comme vôtre mon pouvoir à la cour.

IACHIMO.

— Mes humbles remercîments !… J’allais oublier —