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CYMBELINE.

PISANIO.

J’allais sortir, monsieur, — pour lui faire accueil.

Il sort.
IMOGÈNE.

— Mon mari va toujours bien. ? Sa santé, dites-moi ?…

IACHIMO.

Est fort bonne, madame.

IMOGÈNE.

— A-t-il l’humeur gaie ? J’espère que oui.

IACHIMO.

— Excessivement plaisante : il n’y a pas d’étranger — aussi gai et aussi jovial : on l’appelle le — viveur breton.

IMOGÈNE.

Quand il était ici, — il était enclin à la tristesse, et le plus souvent — sans savoir pourquoi.

IACHIMO.

Je ne l’ai jamais vu triste. — Dans sa société, là-bas, est un Français, un — grand seigneur qui, paraît-il, aime beaucoup — une fille gauloise restée dans sa patrie, et qui est une fournaise — à soupirs. Le joyeux Breton, — je veux dire votre mari, rit à gorge déployée de cette passion : « Ah ! s’écrie-t-il, — comment se retenir les côtes quand on voit un homme qui sait, — par l’histoire, par ouï-dire, ou par sa propre expérience, — ce qu’est la femme et ce qu’elle ne peut — s’empêcher d’être, user sa libre vie à pleurer — un continuel esclavage ? »

IMOGÈNE.

Mon seigneur peut-il parler ainsi ?

IACHIMO.

— Oui, madame, en riant jusqu’aux larmes. — C’est une récréation de se trouver là, — et de l’entendre se