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CYMBELINE.

IACHIMO.

Que les dieux vous ont accordé !

POSTHUMUS.

Et qu’avec leur protection je conserverai.

IACHIMO.

Vous pouvez la déclarer vôtre ; mais, vous le savez, des oiseaux étrangers s’abattent parfois sur l’étang du voisin. Votre bague aussi, on peut vous la voler ; si bien que, de vos deux bijoux inappréciables, le premier est frêle et le second fragile : un adroit filou ou un homme de cour accompli pourrait tenter de s’approprier l’un ou l’autre.

POSTHUMUS.

Votre Italie ne contient pas d’homme de cour assez accompli pour triompher de l’honneur de ma maîtresse, si c’est à cause de ce risque-là que vous la qualifiez de frêle. Je ne doute pas que vous n’ayez une provision de voleurs, et néanmoins je ne crains pas pour ma bague.

PHILARIO.

Laissons-cela, messieurs.

POSTHUMUS.

Très-volontiers, seigneur. Ce digne cavalier, et je l’en remercie, ne me traite pas en étranger : nous voilà familiers au premier mot.

IACHIMO.

En une conversation cinq fois longue comme celle-ci, je me chargerais de conquérir votre belle maîtresse, et de la faire céder jusqu’au plein abandon, si j’avais accès près d’elle et occasion de la courtiser.

POSTHUMUS.

Non, non.

IACHIMO.

J’oserais là-dessus gager la moitié de ma fortune contre votre anneau, qui, je le crois, ne la vaut pas tout à