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CYMBELINE.

DEUXIÈME SEIGNEUR.

Volontiers, monseigneur.

Ils sortent.

SCÈNE III.
[Une chambre dans le palais.]
Entrent Imogène et Pisanio.
IMOGÈNE.

— Je désire que tu pousses jusqu’au port — et que tu interroges tous les bâtiments. S’il m’écrivait — et que l’écrit ne me parvînt pas, ce serait comme pour un condamné — la perte de ses lettres de grâce. Quels sont les derniers mots — qu’il t’a dits ?

PISANIO.

« Ma reine ! ma reine ! »

IMOGÈNE.

— Et alors il agitait son mouchoir ?

PISANIO.

Et il le baisait, madame.

IMOGÈNE.

— Linge insensible ! tu étais plus heureux que moi ! — Et ce fut tout ?

PISANIO.

Non, madame ; car aussi longtemps — que l’œil ou l’oreille ont pu me le faire — distinguer, il est resté — sur le pont, ayant à la main un gant, un chapeau ou un mouchoir — qu’il agitait sans cesse, comme pour exprimer, à chaque battement, à chaque commotion de son cœur, — combien son âme était lente à appareiller, — combien prompt le navire !