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SCÈNE III.

AGAMEMNON, à Énée.

Que venez-vous faire devant notre tente ?

ÉNÉE.

Est-ce là — la tente du grand Agamemnon, je vous prie ?

AGAMEMNON.

Celle-là même.

ÉNÉE.

— Un héraut qui est un prince — peut-il faire entendre un message loyal à son auguste oreille ?

AGAMEMNON.

— Il peut parler, plus sûrement que sous la protection d’Achille, — en présence de tous les chefs grecs qui d’une voix unanime — proclament Agamemnon leur chef et leur général.

ÉNÉE.

— Loyale permission ! sécurité puissante ! — Mais comment celui qui ne connaît pas sa majestueuse personne — pourra-t-il le distinguer des autres mortels ?

AGAMEMNON.

Comment ?

ÉNÉE.

— Oui ; — je le demande, afin d’en prévenir ma vénération, — et d’être prêt à couvrir ma joue d’une rougeur — modeste comme la matinée quand elle jette son chaste regard — sur le jeune Phébus. — Où est donc ce dieu en activité, ce guide des hommes ? — Qui donc est le haut et puissant Agamemnon ?

AGAMEMNON.

— Ce Troyen nous raille, ou les gens de Troie — sont des courtisans bien cérémonieux.

ÉNÉE.

— Oui, désarmés, ce sont des courtisans aussi ouverts, aussi bienveillants — que des anges inclinés ; telle