Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
TROYLUS ET CRESSIDA.
besoin de date pour relever, car il existe en dehors des dates.
PANDARUS.

Vous êtes une femme si étrange ! on ne sait jamais comment vous ripostez.

CRESSIDA.

Avec mon dos, pour défendre mon ventre ; avec mon esprit, pour défendre mes intrigues ; avec ma discrétion, pour défendre mon honneur ; avec mon masque, pour défendre ma beauté ; et avec votre zèle, pour défendre tout cela ! Voilà mes moyens de risposte, et j’ai mille façons de me mettre en garde.

PANDARUS.

Dites-m’en une.

CRESSIDA.

Je m’en garderai bien, et c’est là ma meilleure garde. Si je ne puis garder ce que je ne voudrais pas laisser toucher, je puis me garder, du moins, de vous dire en quelle attitude j’ai reçu le coup. À moins qu’il n’y ait une enflure impossible à dissimuler ; et alors, il n’y a plus à se tenir en garde.

PANDARUS.

Vous êtes si étrange !

Entre le page de Troylus.
LE PAGE.

Monsieur, monseigneur voudrait vous parler à l’instant même.

PANDARUS.

Où ?

LE PAGE.

En votre logis même. C’est là qu’il se désarme.