Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
TROYLUS ET CRESSIDA.

Fanfare d’alarme.
TROYLUS.

— Silence, clameurs sacriléges ! silence, sons grossiers ! — Imbéciles des deux côtés ! Il faut bien qu’Hélène soit belle, puisque vous la peignez ainsi chaque jour avec votre sang ! — Moi, je ne puis pas me battre pour une pareille cause : — c’est un sujet trop chétif pour mon épée. — Mais Pandarus… Ô dieux ! comme vous m’accablez ! — Je ne puis arriver à Cressida que par Pandarus ; — et, pour se décider à la décider, il est aussi revêche — qu’elle-même, en dépit de toute séduction, est obstinée dans sa chasteté. — Au nom de ta Daphné, dis-moi donc, Apollon, — ce qu’est Cressida, ce qu’est Pandarus, et ce que je suis. — Son lit, à elle, est l’Inde ; c’est là qu’elle repose, cette perle ! — Entre notre Ilion et le lieu où elle réside, — s’agite une mer farouche. — Moi, je suis le marchand, et le fin voilier Pandarus est mon douteux espoir, mon transport, ma barque !

Fanfare d’alarme.
Entre Énée.
ÉNÉE.

— Eh bien, prince Troylus ! pourquoi pas en campagne ?

TROYLUS.

Parce que ! Cette réponse de femme est à propos, — car c’est se conduire en femme que de n’être point là-bas. — Énée, quelles nouvelles du champ de bataille aujourd’hui ?

ÉNÉE.

— Pâris est rentré, blessé.

TROYLUS.

— Par qui, Énée ?