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APPENDICE.

dra Fawnia à son service, et nous, quoi qu’il arrive, nous serons sans reproche. » Ce dessein plut beaucoup à la bonne femme, si bien qu’ils résolurent, aussitôt qu’ils pourraient voir le roi à loisir, de lui confier toute l’affaire.

Pendant ce temps, Dorastus s’était procuré toutes les choses nécessaires au voyage. Il avait amassé un trésor et des joyaux à profusion, et avait mis dans sa confidence un vieux serviteur, appelé Capnio, par qui il avait été élevé. Celui-ci avait agi avec tant de zèle qu’en peu de temps il avait frété un navire prêt pour la traversée. Dès que le vent fut favorable, il fit porter nuitamment les bagages à bord et avertit Fawnia que le départ était fixé pour le lendemain matin. Celle-ci se leva de bonne heure, attendant Dorastus, qui arriva au grand galop de son cheval, et, l’ayant prise en croupe, la conduisit au havre où ils s’embarquèrent. De son côté, Capnio, en se dirigeant vers le navire, rencontra Porrus qui se rendait au palais ; il le reconnut, et, se doutant de quelque manigance, l’arrêta sur la route et lui demanda où il allait si matin, Porrus lui répondit que le fils du roi Dorastus avait séduit sa fille et qu’il allait se plaindre au roi du tort que lui faisait le prince. « Vous perdez votre peine, dit Capnio, en allant au palais, car le roi entend faire aujourd’hui une promenade en mer et se rendre à bord d’un navire qui est dans le port. Je vais en avant pour veiller à ce que tout soit prêt, et si vous m’en croyez, vous vous en retournerez avec moi au port, où je vous mettrai à même de parler au roi à loisir. » Porrus, confiant dans la parole de Capnio, s’en vint avec lui… Aussitôt qu’il fut sur le navire, il aperçut Dorastus se promenant avec Fawnia, qu’il eut peine à reconnaître sous ses riches vêtements. Dorastus et Fawnia ne pouvaient s’expliquer quel vent avait amené là le vieux berger.