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LE CONTE D’HIVER.

LE BERGER, à Autolycus.

Si vous daignez, monsieur, vous charger de notre affaire, voici de l’or que j’ai sur moi ; je puis encore m’en procurer autant, et laisser ce jeune homme en gage jusqu’à ce que je vous aie remis toute la somme.

AUTOLYCUS.

Ce sera quand j’aurai fait ce que j’ai promis ?

LE BERGER.

Oui, monsieur.

AUTOLYCUS.

C’est bon ; donnez-moi toujours la moitié…

Il empoche l’or que lui donne le berger. Au Clown.

Êtes-vous engagé dans l’affaire ?

LE CLOWN.

Jusqu’à un certain point, monsieur ; mais, quoique mon cas soit assez pitoyable, j’espère ne pas être écorché vif.

AUTOLYCUS.

Oh ! c’est le cas du fils du berger. Qu’on me pende, si l’on ne fait pas de lui un exemple !

LE CLOWN.

Voilà qui est rassurant, bien rassurant. Allons trouver le roi, et montrons-nous à lui sous une nouvelle figure ; il faut qu’il sache qu’elle n’est ni votre fille, ni ma sœur : nous sommes perdus autrement… Monsieur, je vous donnerai autant que ce vieillard quand l’affaire sera faite, et je vous resterai en gage, comme il le dit, jusqu’à ce que vous ayez tout reçu.

AUTOLYCUS.

Je vous fait crédit. Marchez en avant vers le rivage ; prenez à droite ; je vais jeter un coup-d’œil par-dessus la haie, et je vous suis.

LE CLOWN.

Cet homme est pour nous une bénédiction, je puis le dire, une vraie bénédiction.