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SCÈNE XI.
sa fille passe Altesse ! Il en est qui disent qu’il sera lapidé ; mais cette mort-là est trop douce pour lui, je le dis, moi. Traîner notre trône dans un parc à moutons ! C’est trop peu de toutes les morts, et la plus cruelle est trop douce.
LE CLOWN.

Est-ce que ce vieux-là a jamais eu un fils, monsieur ? L’avez-vous ouï dire, s’il vous plaît, monsieur ?

AUTOLYCUS.

Il a un fils qui sera écorché vif ; puis, enduit de miel et placé sur un nid de guêpes où il sera maintenu jusqu’à ce qu’il soit plus qu’aux trois quarts mort ; puis, ranimé avec de l’eau-de-vie ou toute autre boisson brûlante ; puis, tout saignant, au jour le plus chaud que l’almanach prédit, il sera exposé contre un mur de brique, le soleil dardant sur lui son regard méridional, jusqu’à ce qu’il se voie mangé à mort par les mouches. Mais à quoi bon causer de ces gueux, de ces traîtres dont les tourments doivent nous faire sourire, tant leur crime est capital ! dites-moi (car vous semblez être de francs honnêtes gens) ce que vous voulez au roi. Pour peu que je reçoive des marques convenables de considération, je vous conduirai à bord, auprès du roi, je lui présenterai vos personnes, et je lui murmurerai deux mots en votre faveur. S’il est un homme, après le roi, capable de faire réussir vos demandes, cet homme est devant vous.

LE CLOWN, bas au berger.

Il semble avoir une grande autorité ; approchez-vous de lui, donnez-lui de l’or. Quoique le pouvoir soit un ours mal léché, souvent avec de l’or on le mène par le bout du nez : montrez l’intérieur de votre bourse à l’intérieur de sa main, et plus d’inquiétude ! Rappelez-vous : lapidé et écorché vif.