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LE CONTE D’HIVER.

POLIXÈNE.

Il me semble qu’un père — est, aux noces de son fils, le convive — qui fait le mieux à table. Un mot encore, je vous prie ! — Votre père n’est-il pas incapable — de raisonner une affaire ? N’est-il pas devenu stupide — sous l’influence de l’âge et des catarrhes ? Peut-il parler, entendre, — distinguer un homme d’un homme, discuter ses propres intérêts ? — Ne garde-t-il pas le lit ? Et n’a-t-il pas repris tout entière — la vie de l’enfance ?

FLORIZEL.

Non, mon bon monsieur. — Il a toute sa santé, et plus de vigueur — que n’en ont ordinairement ceux de son âge.

POLIXÈNE.

Par ma barbe blanche, — vous lui faites, si cela est, une offense — peu filiale ! La raison veut que mon fils — choisisse lui-même sa femme ; mais elle veut aussi — que le père, dont toute la joie est d’avoir — une postérité digne de lui, soit un peu consulté — dans une telle affaire.

FLORIZEL.

J’accorde tout cela ; — mais, pour d’autres raisons, mon grave monsieur, — qu’il ne sied pas que vous sachiez, je n’informerai pas mon père de cette affaire.

POLIXÈNE.

Faites-la lui savoir.

FLORIZEL.

— Non.

POLIXÈNE.

Je t’en prie !

FLORIZEL.

Impossible !…

LE BERGER.

— Fais-le, mon fils ; il n’aura aucun sujet d’être fâché, — quand il saura ton choix.