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LE CONTE D’HIVER.

LE CLOWN.

Allons, mettez-la de côté. Voyons d’abord les ballades ; nous achèterons d’autres articles tout à l’heure.

AUTOLYCUS.

Voici une autre ballade. Elle est d’un poisson qui apparut sur la côte le mercredi, quatre-vingt avril, à quarante mille brasses au-dessus de l’eau, et qui a composé cette ballade contre les filles au cœur dur. L’auteur passe pour être une femme qui fut métamorphosée en poisson, à cause qu’elle n’avait pas voulu faire échange de chair avec un homme qui l’aimait ! La ballade est très-pitoyable, et aussi vraie.

DORCAS.

Est-elle vraie aussi, croyez-vous ?

AUTOLYCUS.

Il y a dessus la griffe de cinq juges et plus de certificats que ma balle ne peut en tenir.

LE CLOWN.

Mettez-la de côté aussi. À une autre !

AUTOLYCUS.

Voici une ballade gaie, mais elle est très-jolie.

MOPSA.

Ayons-en des gaies !

AUTOLYCUS.

Eh bien, en voici une plus que gaie, qui va sur l’air de : Deux filles aimaient un homme : il n’y a peut-être pas une fille dans tout l’ouest qui ne la chante ; elle est fort demandée, je vous assure.

MOPSA, à Autolycus, montrant Dorcas.

Nous savons la chanter toutes deux ; si tu veux prendre une partie, tu vas l’entendre ; elle est à trois parties.

DORCAS.

Nous avons appris l’air, il y a un mois.