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SCÈNE XI.

LE CLOWN, à Mopsa.

Ne t’ai-je pas dit comment j’ai été filouté sur la route et comment j’ai perdu tout mon argent ?

AUTOLYCUS.

Effectivement, monsieur, il y a des filous dans la campagne, et il est bon de se tenir sur ses gardes.

LE CLOWN.

Ne crains rien, l’ami, tu ne perdras rien ici.

AUTOLYCUS.

Je l’espère bien, monsieur, car j’ai beaucoup de marchandises en paccotille.

LE CLOWN.

Qu’as-tu là ? des ballades ?

MOPSA, au clown.

Je vous en prie, achetez-en. J’aime tant les ballades imprimées ! Alors nous sommes sûres qu’elles sont vraies.

AUTOLYCUS.

En voici une sur un air très-plaintif : Comme quoi la femme d’un usurier accoucha de vingt sacs d’argent à la fois, et comme quoi elle eut envie de manger un hachis de têtes de couleuvres et de têtes de crapauds.

MOPSA.

Est-ce vrai, croyez-vous ?

AUTOLYCUS.

Très-vrai ; il n’y a qu’un mois de cela.

DORCAS.

Le ciel me préserve d’épouser un usurier !

AUTOLYCUS.

La chose est signée de la sage-femme, une mistress Leconte, et de cinq ou six honnêtes matrones qui étaient présentes. Est-ce que je colporterais des mensonges ?

MOPSA, au clown.

Je vous en prie encore, achetez-la.