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LE CONTE D’HIVER.

POLIXÈNE.

Elle danse gracieusement.

LE BERGER.

— C’est ainsi qu’elle fait tout ; mais que dis-je là ? — je devrais me taire. N’importe. Si le jeune Doriclès — fait tomber son choix sur elle, elle lui apportera une dot — à laquelle il ne songe guère. —

Entre un valet.
LE VALET, au clown.

Oh ! maître ! Si vous aviez entendu le colporteur à la porte, vous ne voudriez plus jamais danser au son du tambourin et des pipeaux : non, la cornemuse ne pourrait plus vous émouvoir. Il chante différents airs plus vite que vous ne compteriez de l’argent ; il les entonne si bien qu’il semble qu’il ait mangé des ballades et que toutes les oreilles s’allongent à sa voix.

LE CLOWN.

Il ne pouvait venir plus à propos ; qu’il entre ! J’aime à l’excès une ballade dont le sujet est lugubre et la musique gaie, ou dont les paroles sont drôles et l’air lamentable !

LE VALET.

Il a des chansons pour hommes ou pour femmes, de toute taille. Il n’est pas de modiste qui gante aussi bien ses pratiques. Il a les plus jolies chansons d’amour pour jeunes filles, et ça sans gravelures, ce qui est rare. Il a des refrains si délicats, des ding-dong, des larifla, des enlevez-la, des balancez-la ! et au moment où quelque vaurien braillard voudrait, comme qui dirait, y entendre malice et interrompre la chose par un sale lazzi, il fait répondre à la fille un : Halte-là ! finissez, bonhomme ! Elle s’en défait et l’éconduit avec un : Halte-là ! finissez, bonhomme !