Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/368

Cette page a été validée par deux contributeurs.
364
LE CONTE D’HIVER.

LÉONTE.

Non, non ! Si je me méprends — sur les bases où se fonde ma croyance, — c’est que le centre de la terre n’est pas assez fort pour porter — une toupie d’écolier.

Montrant Hermione.

Qu’on l’emmène en prison ! — Quiconque parlera pour elle sera condamné, — rien que pour avoir pris la parole.

HERMIONE.

Quelque planète sinistre règne sur le monde. — Ayons patience jusqu’à ce que les cieux se montrent sous un aspect plus favorable… Mes bons seigneurs, — je ne suis pas prompte à pleurer, ainsi que notre sexe — l’est communément : à défaut de cette vaine rosée, — votre pitié se tarira peut-être ; mais j’ai — là

Mettant la main sur son cœur.
une noble douleur qui brûle — trop pour s’éteindre dans les larmes… Je vous en conjure tous, mes seigneurs, — ne me jugez que d’après les idées les plus favorables que votre charité — peut vous inspirer ; et sur ce, — que la volonté du roi soit accomplie !
LEONTE, aux gardes.

M’écoutera-t-on ?

HERMIONE.

— Qui est-ce qui part avec moi ?… Je supplie votre altesse — de laisser mes femmes m’accompagner ; car, vous le savez, — mon état l’exige…

À ses femmes.

Ne pleurez pas, pauvres folles, — il n’y a pas de raison pour cela. Quand vous apprendrez que votre maîtresse — a mérité la prison, alors fondez en larmes — sur mes pas ; le procès que je subis en ce moment — est pour ma plus grande gloire. Adieu, monseigneur ! je n’ai jamais souhaité vous voir du chagrin ; maintenant, —