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SCÈNE III.
je me trompe, — à l’usage de l’indulgence, car la calomnie ne s’en prend — qu’à la vertu) !… il faudra que les haussements d’épaules, les hum ! et les ha ! — quand vous aurez dit qu’elle est belle, interviennent, — avant que vous puissiez dire qu’elle est vertueuse. Car apprenez-le tous — de celui qui a le plus sujet de le déplorer, — elle est adultère !
HERMIONE.

Si un scélérat disait cela, — le scélérat le plus achevé du monde, — il serait deux fois plus scélérat ; vous, monseigneur, — vous ne faites que vous méprendre.

LÉONTE.

C’est vous qui vous êtes méprise, madame, — en prenant Polixène pour Léonte. Ô toi, créature, — si je ne t’appelle pas du nom de tes pareilles, — c’est de peur que la barbarie, s’autorisant de mon exemple, — n’applique le même langage à tous les rangs — et n’efface toute distinction bienséante — entre le prince et le mendiant !… J’ai dit — qu’elle est adultère ; j’ai dit avec qui ! — Elle est plus encore, elle est coupable de haute trahison ; et Camillo est — du complot avec elle. Il sait — le secret qu’elle aurait dû rougir de partager rien — qu’avec son principal complice ; il sait qu’elle — a souillé son lit autant que ces impures — à qui le vulgaire donne les titres les plus hardis ; oui, et elle est la confidente de leur évasion !

HERMIONE.

Non, sur ma vie, — je ne suis confidente de rien de tout cela. Combien vous serez désolé, — quand vous viendrez à éclaircir les faits, — de m’avoir ainsi affichée ! Ah, mon doux seigneur, — c’est à peine si vous pourrez me faire réparation en déclarant — que vous vous êtes mépris.