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SCÈNE XV.

CLAUDIO, s’approchant du tombeau et lisant un parchemin.

Frappée à mort par des langues calomnieuses
Fut Héro qui gît ici.
En récompense de ses douleurs, la mort
Lui donne un renom immortel.
Ainsi la vie, qui mourut de honte,
Vit de gloire dans la mort.

— Épitaphe, pends-toi à ce tombeau, — pour la louer quand je serai muet !

Il fixe le parchemin au monument.

— Maintenant, musiciens, sonnez et chantez votre hymne solennel.

CHANT.

Pardonne, déesse de la nuit,
À ceux qui tuèrent ta vierge-chevalière :
En expiation, avec des chants douloureux,
Ils viennent autour de sa tombe.
Minuit, fais écho à nos lamentations !
Aide-nous à soupirer et à gémir,
Tristement, tristement.
Baille, tombeau, et laisse aller la morte,
Jusqu’à ce que l’arrêt de mort soit prononcé.
Divinement, divinement.

Le jour se lève.
CLAUDIO.

— Maintenant, bonne nuit à tes os ! — je veux chaque année observer ce rite funèbre.

DON PEDRO, aux assistants.

— Adieu mes maîtres, éteignez vos torches ; — les loups ont fini leur curée ; et voyez, grâce au jour doux qui court en avant du char de Phébus, tout autour de vous, — l’Orient assoupi est déjà pommelé de taches grises, — merci à vous tous, et laissez-nous ! Au revoir !

CLAUDIO.

— Adieu mes maîtres ; que chacun rentre chez soi !