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SCÈNE XIII.

Léonato et Antonio entrent suivis du sacristain.
LÉONATO.

— Quel est le misérable !… faites-moi voir ses yeux. — afin que, s’il m’arrive d’apercevoir un homme comme lui, — je puisse l’éviter : lequel est-ce des deux ?

BORACHIO.

— Si vous voulez connaître votre malfaiteur, regardez-moi…

LÉONATO.

— Es-tu le scélérat dont le souffle a tué — mon enfant innocente.

BORACHIO.

Oui, c’est moi seul.

LÉONATO.

— Non, maraud, non pas ; tu te calomnies toi-même : — voici devant moi deux nobles hommes — (le troisième est en fuite) qui ont une main dans ceci ! — Je vous remercie, princes, de la mort de ma fille ; — inscrivez-la parmi vos hauts faits glorieux ; — c’est une action héroïque, songez-y.

CLAUDIO.

— Je ne sais comment implorer votre patience ; — cependant il faut que je parle. Choisissez vous-même votre vengeance ; — infligez-moi la peine que votre imagination — peut imposer à ma faute ; et pourtant si j’ai failli, — ce n’est que par méprise.

DON PEDRO.

Sur mon âme ! et moi aussi. — Néanmoins, pour satisfaire ce bon vieillard, — je veux me soumettre à ce qu’il m’imposera — de plus écrasant.

LÉONATO.

— Je ne puis pas vous dire : Dites à ma fille de vivre ; — cela serait impossible ; mais, je vous en prie tous