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SCÈNE X.

DOGBERRY.

Oui ! que ne le suis-je mille fois plus ! Car j’en ai entendu de belles sur le compte de votre seigneurie ; et, tout pauvre que je suis, cela me rend heureux.

VERGÈS.

Et moi aussi.

LÉONATO.

Je voudrais bien savoir ce que vous avez à me dire.

VERGÈS.

Corbleu, monsieur, notre patrouille a arrêté cette nuit les deux plus fieffés coquins de tout Messine, sauf votre révérence.

DOGBERRY.

Excusez le bonhomme, monsieur : il veut absolument parler ; comme on dit, l’esprit s’en va quand vient l’âge. Dieu me pardonne, il faut le voir pour le croire… Bien dit, voisin Vergès… Après tout, Dieu est un bon homme : quand deux hommes montent sur un cheval, il doit y en avoir un en arrière.

À Léonato.

C’est une âme honnête, allez, Monsieur : une des meilleures, sur ma parole, qui ait jamais rompu le pain ; mais Dieu doit être adoré en tout. Tous les hommes ne sont pas pareils. Hélas ! ce cher voisin !

LÉONATO.

En vérité, voisin, il n’est pas de votre calibre.

DOGBERRY.

Dieu dispose de ses dons.

LÉONATO.

Il faut que je vous quitte.

DOGBERRY.

Un mot seulement, monsieur. Notre patrouille, monsieur, a, en effet, appréhendé deux personnes équivoques, et nous voudrions qu’elles fussent examinées ce matin devant votre seigneurie.