— Bonne Marguerite, cours au salon ; — tu y trouveras ma cousine Béatrice — causant avec le prince et Claudio ; — insinue-lui à l’oreille que, moi et Ursule, — nous nous promenons dans le jardin, et que notre conversation — est tout entière sur elle ; dis-lui que tu nous as surprises ; — et engage-la à se glisser dans le bosquet en treillage — dont le chèvrefeuille, mûri par le soleil, — interdit au soleil l’entrée, pareil à ces favoris, — grandis par les princes, qui opposent leur grandeur — au pouvoir même qui l’a créée ! Dis-lui de s’y cacher — pour écouter nos propos : voilà ta mission, — remplis-la bien, et laisse-nous seules.
— Je la ferai venir ici, je vous jure, immédiatement.
— Maintenant, Ursule, quand Béatrice sera venue, — il faudra qu’en nous promenant dans cette allée, — nous parlions uniquement de Bénédict ; — quand je le nommerai, ce sera ton rôle — de faire de lui le plus grand éloge que jamais homme ait mérité. — Moi, je dois me borner à te répéter que Bénédict — languit d’amour pour Béatrice : ainsi — est faite la flèche dangereuse du petit Cupidon — qu’elle blesse simplement par ouï-dire. Commence maintenant. — Car, tu vois, voici Béatrice qui, comme un vanneau, — rase la terre pour venir entendre ce que nous disons.