Et puis je le crois vaillant.
Comme Hector, je vous le certifie. Vous pouvez dire qu’il montre son esprit dans la conduite des querelles : en effet, ou il les évite avec une grande discrétion, ou il s’y engage avec une crainte toute chrétienne.
S’il craint Dieu, il faut nécessairement qu’il garde la paix ; ou qu’ayant rompu la paix, il entre dans la querelle avec crainte et tremblement.
Et c’est ainsi qu’il agit : car c’est un homme qui craint Dieu, quoiqu’on puisse croire le contraire par quelques grosses plaisanteries qu’il fera. N’importe, je plains beaucoup votre nièce. Irons-nous à la recherche de Bénédict, pour lui parler de cet amour ?
Ne lui en parlons pas, monseigneur. Qu’aidée de bons conseils, Béatrice s’arrache cet amour !
Ah ! c’est impossible : elle s’arracherait plutôt le cœur.
Eh bien, nous reparlerons de cela avec votre fille : laissons la chose se refroidir en attendant. J’aime bien Bénédict, mais je souhaiterais que, par un examen modeste de lui-même, il vît combien il est indigne d’une femme si parfaite.
Voulez-vous venir, monseigneur ? le dîner est prêt.
Si, après cela, il ne raffole pas d’elle, je ne veux plus compter sur rien.