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BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN.

BORACHIO.

Persistez bien dans l’accusation, et ma ruse ne sera pas en défaut.

DON JUAN.

Je vais immédiatement m’informer du jour de leur mariage.

Ils sortent.

SCÈNE V.
[Le jardin de Léonato.]
Entre Bénédict, suivi d’un Page.
BÉNÉDICT.

Page !

LE PAGE.

Signor ?

BÉNÉDICT.

Sur la fenêtre de ma chambre il y a un livre qui traîne ; apporte-le-moi ici dans le verger.

LE PAGE.

J’y suis, monsieur.

BÉNÉDICT.

Je sais cela : ce que je veux, c’est que tu t’en ailles d’ici et que tu y reviennes.

Le page sort.

Je m’étonne qu’un homme, ayant vu le ridicule de tous ceux qui se consacrent à l’amour, après avoir ri des folles niaiseries des autres, puisse servir de thème à ses propres railleries, en devenant amoureux ; et pourtant tel est Claudio. J’ai vu le temps où il n’y avait pas pour lui d’autre musique que le tambour et le fifre ; et maintenant il leur préfère le tambourin et les pipeaux. J’ai vu le temps où il aurait fait dix milles à pied pour voir une