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BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN.

LÉONATO.

Non ! non ! traitons la chose comme un rêve, jusqu’à ce qu’elle se réalise… Mais je désire la faire savoir à ma fille, afin qu’elle soit bien préparée pour la réponse, si par aventure la nouvelle était vraie. Allez lui en parler, vous.

Diverses personnes traversent le théâtre ; Léonato leur adresse successivement la parole.

Cousins, vous savez ce que vous avez à faire… Oh ! je vous demande bien pardon, mon ami : venez avec moi, et je vais employer vos talents… Mes bons cousins, montrez tout votre zèle à cette heure urgente.

Ils sortent.

SCÈNE III.
[Une autre salle.]
Entrent don Juan et Conrad.
CONRAD.

Seriez-vous indisposé, monseigneur ? D’où vous vient cette tristesse sans mesure ?

DON JUAN.

Les causes qui la produisent étant sans mesure, ma tristesse est sans limite.

CONRAD.

Vous devriez écouter la raison.

DON JUAN.

Et quand je l’aurai écoutée, quel bienfait m’en reviendra-t-il ?

CONRAD.

Sinon un remède immédiat, du moins une patiente résignation,

DON JUAN.

Je m’étonne que toi, né, comme tu prétends l’être.