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BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN.
grandement accordée par don Pedro. Claudio a été au-dessus de ce que promettait son âge ; il a accompli, avec la figure d’un agneau, les exploits d’un lion ; il a dépassé toute espérance par une supériorité que je désespère de vous exprimer.
LÉONATO.

Il a ici à Messine un oncle qui en sera bien content.

LE MESSAGER.

Je lui ai déjà remis des lettres, et il en a paru bien joyeux, à ce point que sa joie, perdant toute modestie, a pris les insignes de la tristesse.

LÉONATO.

A-t-il fondu en larmes ?

LE MESSAGER.

Par torrents !

LÉONATO.

Doux débordements de tendresse ! Il n’est pas de visages plus vrais que ceux qui sont ainsi inondés. Ah ! qu’il vaut mieux pleurer de joie que se réjouir des pleurs !

BÉATRICE, au messager.

Dites-moi, je vous prie, le signor Tranche-Montagne est-il, oui ou non, revenu de la guerre ?

LE MESSAGER.

Je ne connais personne de ce nom, madame : nul homme de qualité ne s’appelle ainsi dans l’armée.

LÉONATO.

De qui vous informez-vous, ma nièce ?

HÉRO.

Ma cousine veut parler du signor Bénédict de Padoue.

LE MESSAGER.

Oh ! il est de retour, et aussi agréable que jamais.

BÉATRICE.

Il a affiché ses cartels ici même à Messine, et a défié Cupidon à l’arc ; le fou de mon oncle, ayant lu ce défi, a