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TROYLUS ET CRESSIDA.

ACHILLE.

— Je ne veux pas de ta courtoisie, fier Troyen. — Sois heureux que mes armes ne puissent plus servir. — Mon inaction indulgente te ménage pour le moment, — mais tu entendras bientôt parler de moi. — Jusque-là, poursuis ta destinée.

Il s’éloigne.
HECTOR.

— Au revoir ! — tu m’aurais trouvé plus dispos — si j’avais prévu ton arrivée… — Eh bien ! mon frère ?

Revient Troylus.
TROYLUS.

— Ajax a pris Énée : souffrirons-nous cela ? — Non, par la flamme de ce glorieux soleil là-bas, — il ne l’emmènera pas ; je serai pris aussi, — ou je le délivrerai… Fatalité, écoute ce que je dis ! — Peu m’importe de finir ma vie aujourd’hui.

Il s’en va.
Un combattant passe, vêtu d’une somptueuse armure.
HECTOR.

Arrête, arrête, Grec ; tu es une magnifique cible… — Non, tu ne veux pas ?… J’aime beaucoup ton armure ; — et, dussé-je la briser et en défaire toutes les attaches, — il faut que j’en sois maître… Tu ne veux pas arrêter, animal ? — Eh bien, fuis donc, je vais te traquer pour avoir ta peau.

Ils sortent.
Arrive Achille avec ses Myrmidons.
ACHILLE.

— Venez tous autour de moi, mes Myrmidons, — et remarquez bien ce que je vais dire : Faites escorte à mes