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TROYLUS ET CRESSIDA.

TROYLUS.

— Monseigneur Ulysse, dites-moi, je vous conjure, — dans quel endroit du camp loge Calchas ?

ULYSSE.

— Dans la tente de Ménélas, très-princier Troylus. — C’est là que Diomède soupe avec lui ce soir ; — Diomède qui ne voit plus ni le ciel ni la terre — et qui fixe toute l’attention, toute l’extase de son amoureux regard — sur la belle Cressida.

TROYLUS,.

— Je vous serais bien obligé, si, — au sortir de la tente d’Agamemnon, — vous me meniez là.

ULYSSE.

Je serai à vos ordres, seigneur. — Ayez, à votre tour, la bonté de me dire quelle réputation avait — à Troie cette Cressida. N’y a-t-elle pas eu un amant — qui se désole de son absence ?

TROYLUS.

— Ah ! seigneur, ceux qui font parade de leurs cicatrices — ne méritent que moquerie. Venez-vous, messire ? — Elle était aimée, et elle aimait ; elle est aimée, et elle aime. — Mais, vous le savez, l’amour le plus exquis n’est qu’une bouchée pour la dent de la fortune.

Ils sortent.

SCÈNE XV.
[Devant la tente d’Achille.]
Le soir vient. Arrivent Achille et Patrocle.
ACHILLE.

— Je vais lui échauffer le sang ce soir avec du vin grec, — et le lui refroidir demain avec mon cimeterre. — Patrocle, fêtons-le grandement.