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SCÈNE XIV.
premier signal du camp ? — Voilà ce qu’Hector demande.
AGAMEMNON.

Que désire Hector ?

ÉNÉE.

— Peu lui importe ; il obéira à vos conditions.

ACHILLE.

Cette offre est digne d’Hector ; mais elle est présomptueuse, — quelque peu fîère, et fort dédaigneuse — pour le chevalier adversaire.

ÉNÉE.

Si votre nom n’est pas Achille, seigneur, — quel est-il ?

ACHILLE.

S’il n’est pas Achille, il n’est pas.

ÉNÉE.

— Votre nom est donc Achille ; mais, quel qu’il soit, sachez ceci : — la valeur et l’orgueil atteignent, dans Hector, — les deux extrêmes, l’une du grand, l’autre du petit ; — l’une est presque infinie, — l’autre presque nul. Examinez-le bien : — ce qui ressemble à de l’orgueil en lui n’est que courtoisie. — Cet Ajax est à moitié formé du sang d’Hector ; — par égard pour lui, Hector est à moitié resté à Troie ; — c’est seulement une moitié d’Hector, — une moitié de son courage, une moitié de sa vigueur que trouvera devant lui — ce chevalier hybride, à moitié Troyen et à moitié Grec.

ACHILLE.

— Ce sera donc une bataille de demoiselles ? Oh ! je vous comprends.

Revient Diomède.
AGAMEMNON.

— Voici messire Diomède… Allez, gentil chevalier, servir de second à notre Ajax : vous et Énée, — décidez