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TROYLUS ET CRESSIDA.
fuit les étreintes de l’amour — avec des ailes plus promptes et plus instantanées que la pensée !… — Vous attraperez froid, et puis vous me maudirez.
CRESSIDA.

— Je t’en prie, attends un peu… Vous autres hommes, vous ne voulez jamais attendre… — folle Cressida !… j’aurais pu résister encore, — et alors vous auriez bien attendu. — Écoutez, quelqu’un ! —

PANDARUS, de l’intérieur.

Quoi ! toutes les portes sont donc ouvertes ici ?

TROYLUS.

— C’est votre oncle.

Arrive Pandarus.
CRESSIDA.

— Peste soit de lui ! Il va recommencer ses plaisanteries. — Quelle vie je vais avoir !

PANDARUS.

Eh bien ! en bien ! où en sont les pucelages ? Vous voilà, ma vierge ! Où en est ma nièce Cressida ?

CRESSIDA.

— Allez vous faire pendre, méchant oncle moqueur. — Vous m’entraînez à faire, et puis vous me narguez.

PANDARUS.

À faire quoi ? à faire quoi ?… qu’elle dise quoi ! que l’ai-je entraînée à faire ?

CRESSIDA.

— Allons, allons ; maudit cœur que vous êtes ! vous ne serez jamais sage — et vous ne permettrez pas aux autres de l’être.

PANDARUS.

Ha ! ah !… Hélas, pauvre enfant ! pauvre petite caboche ! tu n’as pas dormi cette nuit ? Il n’a pas voulu, le