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TROYLUS ET CRESSIDA.

PATROCLE.

Oh ! prenez-y donc garde. — Elles guérissent mal, les blessures qu’on se fait soi-même. — L’omission de ce qui est nécessaire — scelle le blanc-seing du danger, — et le danger, comme la fièvre, noirs atteint subtilement à l’instant même où nous sommes nonchalamment assis au soleil.

ACHILLE.

— Va me chercher Thersite, mon doux Patrocle ; — j’enverrai le bouffon à Ajax pour le prier — d’inviter les chefs troyens à venir, après le combat, — nous voir ici sans armes. J’ai un caprice de femme, — un désir maladif — de voir le grand Hector dans ses habits de paix, — de causer avec lui, et de contempler son visage — à plein regard… Voici qui t’épargne une peine.

Entre Thersite.
THERSITE.

— Un prodige !

ACHILLE.

Quoi donc ?

THERSITE.

Ajax va et vient dans la plaine en se cherchant.

ACHILLE.

Comment ça ?

THERSITE.

Il doit avoir demain un combat singulier avec Hector, et l’héroïque raclée qu’il va recevoir le rend si prophétiquement fier, qu’il extravague sans rien dire.

ACHILLE.

Est-il possible ?

THERSITE.

Oui, il se pavane comme un paon : un pas, puis une pause ; il rumine comme une hôtesse qui n’a d’autre