Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 4.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
SCÈNE V.
ce n’est pas atténuer le mal, — c’est l’aggraver. Telle est l’opinion d’Hector, — dans la voie du principe ; mais pourtant, — mes juvéniles frères, j’incline comme vous, — vers le parti de garder Hélène ; — car c’est une cause qui engage fort — la dignité de tous et de chacun.
TROYLUS.

— Oui, vous touchez là le point vital de notre résolution. — Si la gloire n’était pas notre but bien plutôt — que la satisfaction de nos palpitantes passions, — je ne voudrais pas qu’une goutte de sang troyen de plus fut versée — pour la défense d’Hélène, Mais, digne Hector, — elle est pour nous le thème de l’honneur et de la renommée, — l’éperon qui pousse aux vaillantes et magnanimes actions ; — sa présence est pour nous le courage qui peut ruiner nos ennemis — et l’illustration qui doit, dans les temps à venir, nous sanctifier tous ! — Je le présume, en effet, le brave Hector ne voudrait pas, — pour tous les trésors de l’univers, perdre la riche conquête de la gloire promise — qui sourit sur le front de cette action.

HECTOR.

Je suis des vôtres, — vaillante postérité du grand Priam. — J’ai lancé, au milieu des nobles de la Grèce, oisifs et factieux, — un bruyant défi, qui va jeter l’étonnement dans leurs âmes assoupies. — On m’a averti que leur grand général dort, — tandis que la jalousie se glisse dans leur armée. — Voilà, je présume, qui va le réveiller. —

Ils sortent.