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J’ai indiqué les rapports qui existent entre les trois pièces. Voyons maintenant les différences essentielles.

Macbeth est né bon et loyal. Il est, nous dit le poëte, plein du lait de la tendresse humaine. Il veut être grand, car il a de l’ambition, mais cette ambition est exempte de mal. Ce qu’il veut hautement, il le veut saintement. Macbeth est vaillant ; il vient de remporter une grande victoire et de sauver sa patrie de la plus formidable invasion qui l’ait jamais menacée. Quand il quitte le champ de bataille, il n’a d’autre intention que d’aller saluer son roi et puis de rentrer vite dans son château d’Inverness pour déboucler son armure, accrocher sa lance, et jouir de ce repos qu’il a si noblement gagné. Mais, tandis qu’il chemine en causant avec son ami Banquo, il voit tout à coup apparaître des créatures bizarres qui l’abordent avec ce cri : Salut, Macbeth, qui seras roi ! Macbeth était si peu préparé à cette prédiction des sœurs fatidiques qu’il frémit de tous ses membres ; et l’honnête Banquo lui-même le blâme de sembler craindre des choses qui sonnent si bien. À la lueur de cet éclair qui vient d’illuminer l’avenir, le thane de Glamis se voit entraîné à des actions dont l’image lui fait dresser les cheveux sur la tête : il aperçoit le fantôme du meurtre qui lui tend le poignard. Alors, il se détourne, il chasse de sa pensée la suggestion des sorcières, et, quand Duncan vient le visiter à Inverness, Macbeth déclare que le roi est sous la double sauvegarde de la loyauté et de l’hospitalité. Mais le thane a beau lutter contre la prophétie, la prophétie est plus forte que lui. À ce moment, lady Macbeth intervient, lady Macbeth, cette femme qui voudrait se défaire de son sexe et avoir du fiel dans les mamelles, lady Macbeth, cette mère qui, si elle l’avait juré, n’hésiterait pas à broyer la cervelle de son enfant, au moment où il lui sourit. Alors a lieu en-