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trop sensée pour s’occuper de pareilles folies, et que, s’en fût-elle occupée, la femme de Shore eût été la dernière personne qu’elle eût prise pour confidente, car la reine haïssait par-dessus tout cette concubine que le roi son mari avait tant aimée.

» En outre, chacun savait que, depuis le jour de sa naissance, le duc de Glocester avait toujours eu le bras ainsi fait.

» Cependant lord Hastings qui, depuis la mort du roi Édouard, entretenait la femme de Shore, dont il s’était quelque peu épris du vivant du roi (il prétendait l’avoir recueillie par respect pour son roi et par une sorte de fidélité envers son ami), lord Hastings, disons-nous, fut quelque peu mécontent de voir celle qu’il aimait sous le coup d’une accusation si grave et, il le savait bien, si injuste. Il répondit donc : — Certainement, milord, si elles ont fait cela, elles méritent un terrible châtiment. — Comment, s’écria le Protecteur, tu me sers, je crois, avec des si et des mais. Je te dis moi, qu’elles l’ont fait, et je te le prouverai sur ta tête, traître que tu es ! Et en même temps comme s’il était en grande colère, il frappa violemment du poing sur le bureau. À ce signal, quelqu’un du dehors cria : Trahison ! Une porte craqua aussitôt, et des hommes armés s’élancèrent dans la salle, assez nombreux pour la remplir. Alors le Protecteur dit à Hastings : — Traître, je t’arrête. — Comment ! moi, milord ? fit celui-ci. — Oui, traître ! répliqua le Protecteur. En même temps, un des hommes armés fondit sur lord Stanley, qui se jeta sous la table, et qui, sans cet obstacle, aurait eu le crâne fendu jusqu’aux dents ; car, si rapide qu’eût été sa fuite, il avait reçu à la hauteur des oreilles un coup qui faisait jaillir son sang. Enfin, l’archevêque d’York, le docteur Morton, évêque d’Ély, lord Stanley et plusieurs autres furent arrêtés et enfermés dans des chambres sé-