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RICHARD III.
seront placés au centre. — John, duc de Norfolk, et Thomas, comte de Surrey, — auront le commandement de ces fantassins et de ces cavaliers. — Eux ainsi disposés, nous suivrons nous-mêmes, — avec le gros de l’armée, appuyé — sur le deux ailes par notre meilleure cavalerie. — Après cela, Saint-George à la rescousse !… Qu’en penses-tu, Norfolk ?
NORFOLK.

— Bon plan, belliqueux souverain. — J’ai trouvé ceci ce matin à l’entrée de ma tente.

Il donne à Richard un papier.
RICHARD.

— « Jockey de Norfolk (67), ne sois pas trop hardi, — car Dikon ton maître est vendu et trahi. » — Pure invention de l’ennemi. — Allez, messieurs ! chaque homme à son poste ! — Que le bégaiement de nos songes n’effraie pas nos âmes ! — La conscience n’est qu’un mot à l’usage des lâches, — inventé tout d’abord pour tenir les forts en respect. — Ayons nos bras forts pour conscience, nos épées pour loi. — En marche ! alignons-nous bravement ! à la mêlée ! — Sinon pour le ciel, emboîtons le pas pour l’enfer ! — Qu’ajouterai-je à ce que j’ai dit ? — Rappelez-vous à qui vous avez affaire : — à un tas de vagabonds, de gueux et de proscrits ; — à l’écume des Bretagnes, à de vils manants, — vomis par leur pays en dégoût — pour des aventures désespérées et pour une destruction certaine. — Vous dormiez tranquilles, ils vous jettent dans le trouble ; — vous avez des terres et, bonheur suprême ! de belles femmes : — ils veulent s’adjuger les unes, et déshonorer les autres. — Et puis, qui les conduit ? un misérable drôle, — entretenu longtemps en Bretagne aux frais de notre mère ; — une soupe au lait ! un garçon qui n’a jamais dans sa vie — senti le froid de la neige au-dessus de ses souliers ! — Fouettons ces maraudeurs par