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SCÈNE XXII.

RICHMOND.

— Pardon, milords, pardon, vigilants gentilshommes, — pour le paresseux que vous surprenez ici.

LES LORDS.

— Avez-vous dormi, milord ?

RICHMOND.

— J’ai eu depuis votre départ, milords, — le plus doux sommeil et les rêves les plus favorables — qui soient jamais entrés dans une tête somnolente. — Il m’a semblé que les âmes de ceux dont Richard a tué le corps, — venaient à ma tente et criaient : En avant ! victoire ! — Je vous assure que mon cœur est tout joyeux — du souvenir d’un si beau rêve. — À quel point de la matinée sommes-nous, milords ?

LES LORDS.

— Vers le coup de quatre heures.

RICHMOND.

— Alors, il est temps de prendre les armes et de donner les ordres.

Il s’avance vers les troupes.

— Bien-aimés compatriotes, — le temps et les nécessités du moment m’empêchent de m’étendre — sur ce que je vous ai déjà dit. Pourtant rappelez-vous ceci : — Dieu, et notre bon droit, combattent pour nous ; — les prières des saints et des âmes offensées — se dressent devant nous comme d’immenses boulevards. — Richard excepté, ceux contre qui nous combattons — nous souhaitent la victoire plutôt qu’à celui qu’ils suivent. — Qui suivent-ils, en effet ? vous le savez, messieurs : — un tyran sanguinaire et homicide, — élevé dans le sang et établi dans le sang, — un homme qui a employé tous les moyens pour parvenir, — et massacré ceux même qui lui avaient servi de moyens : — pierre vile et fausse, rendue précieuse seulement par la splendeur — du trône