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SCÈNE XXII.

RICHMOND.

— Que la sombre nuit apporte tous ses soulagements — à ta personne, noble beau-père ! — Dis-moi, comment va notre mère bien-aimée ?

STANLEY.

— Moi, son représentant, je te bénis en son nom ; — elle prie continuellement pour le bonheur de Richmond : — voilà ma réponse… Les heures silencieuses s’écoulent, — et l’écaille des ténèbres se rompt vers l’orient. — Abrégeons, le moment l’exige : — prépare-toi à la bataille pour le point du jour, — et confie ta fortune à l’arbitrage — des coups sanglants et de la guerre au regard meurtrier. — Pour moi, autant que je le pourrai, car je ne puis tout ce que je veux, — je saisirai toutes les occasions de gagner du temps — et de te venir en aide dans ce choc douteux des armes. — Mais je ne puis pas me jeter trop vite de ton côté, — de peur qu’à mon premier mouvement, ton frère, le tendre George, — ne soit exécuté à la vue de son père. — Au revoir ! La hâte et le danger du moment — coupent court aux protestations cérémonieuses de l’affection, — à cet ample échange de douces paroles — que des amis si longtemps séparés voudraient tant prolonger. — Que Dieu nous donne le loisir d’observer ces rites de l’affection ! — Adieu encore une fois… Sois vaillant, et réussis !

RICHMOND, montrant Stanley aux officiers qui l’entourent.

— Mes bons lords, conduisez-le à son régiment. — Je vais essayer, dans le trouble de ma pensée, de prendre un peu de repos, — de peur qu’un sommeil de plomb ne pèse sur moi demain, — quand il me faudra monter sur les ailes de la victoire. — Encore une fois, bonne nuit, chers lords et messieurs.

Les lords sortent avec Stanley.

— Ô Toi dont je me regarde comme le capitaine, —