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de chance d’en amener l’accomplissement par notre fuite, dans le cas où nous serions attrapés et ramenés ? car alors il est probable que le sanglier aurait un motif de nous frapper avec ses défenses, comme des gens qui se sont enfuis pour quelque trahison. Donc, de deux choses l’une, où il y a péril, où il n’y en a pas ; s’il y en a, c’est plutôt à partir qu’à rester. D’ailleurs, si nous devons succomber de façon ou d’autre, j’aime mieux faire dire que c’est par la trahison des autres hommes, que de faire croire que c’est par notre propre faute et par notre faiblesse de cœur. Ainsi, va trouver ton maître, fais-lui mes compliments, et dis-lui que je le prie d’être gai et sans crainte, car, je puis le lui assurer, je suis aussi sûr de l’homme en question que je le suis de ma main droite. » — « Dieu vous envoie sa grâce ! » dit le messager. Et sur ce, il partit.

» Il est également certain que, quand lord Hastings se rendait à la Tour, le matin même où il fut décapité, le cheval qu’il avait coutume de monter broncha sous lui deux ou trois fois, presque à tomber : chose qui, bien qu’elle arrive journellement à ceux qu’aucun malheur ne menace, est cependant un mauvais présage ancien qu’on a observé sur la route des dangers.

» Maintenant ce qui suit n’était pas un avertissement, mais une odieuse dérision. Dans la même matinée fatale, avant même qu’il fût hors de son lit, il reçut la visite de sir Thomas Howard, fils de lord Howard, lequel lord était dans la plus secrète confidence des projets et des actes du Protecteur. Ce sir Thomas était venu, en apparence, par courtoisie, pour accompagner lord Hastings au conseil, mais, en réalité, pour l’y faire venir plus vite, et accomplir ainsi une mission donnée par le Protecteur.