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signé des deux mains l’ordre de mettre à mort sans jugement les parents de la reine : nul doute qu’un pareil personnage ne donne son adhésion au coup d’État. À la requête du Protecteur, Catesby se charge de voir le chancelier et de le sonder sur les événements qui se préparent. Ô prodige ! Hastings fait la sourde oreille : il arrête Catesby dès les premiers mots, et lui déclare nettement qu’il ne consentira pas à la déchéance du jeune roi. Il a prêté serment à Édouard V ; il ne veut pas violer son serment. Hastings, qui a assassiné, refuse de se parjurer. Aussi gare à lui ! il va payer cher ce refus.

« Dans la nuit du 12 au 13 juin 1483, lord Stanley dépêcha un messager fidèle pour presser lord Hastings de se lever et de partir à cheval avec lui. Ce qui le décidait à ne pas demeurer plus longtemps, c’était un rêve terrible dans lequel lord Stanley venait de songer qu’un sanglier les écorchait tous deux à la tête avec ses défenses, si fort que le sang leur jaillissait par les épaules. Comme le duc de Glocester avait le sanglier dans ses armoiries, lord Stanley s’était imaginé qu’il s’agissait là du Protecteur. Ce rêve avait fait une impression si terrible sur son cœur qu’il s’était immédiatement déterminé à ne pas tarder plus longtemps et à faire seller son cheval ; si lord Hastings voulait partir avec lui, ils galoperaient assez loin pendant la nuit pour être hors de danger le jour suivant. — « Ah ! Seigneur Dieu ! répliqua lord Hastings au messager, milord ton maître a-t-il donc tant de confiance dans de pareilles niaiseries ? A-t-il donc tant de foi dans ces rêves qui sont ou inventés par sa propre frayeur ou provoqués au milieu de son repos de la nuit par ses préoccupations du jour ? Dis-lui que c’est sorcellerie pure de croire à de tels rêves. Si ce songe est un présage des choses à venir, comment ne voit-il pas que nous avons autant