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SCÈNE XIV.

BUCKINGHAM.

— Ne refusez pas, puissant lord, l’offre de notre amour.

CATESBY.

— Oh ! rendez-les joyeux, accédez à leur légitime requête.

RICHARD.

— Hélas ! pourquoi voulez-vous amonceler tant de soucis sur moi ? — Je ne suis pas fait pour l’empire et pour la majesté. — Je vous en supplie, ne le prenez pas mal : — je ne puis pas, je ne veux pas vous céder.

BUCKINGHAM.

— Puisque vous refusez toujours, puisque, dans le zèle de votre amour, — vous répugnez à déposer un enfant, le fils de votre frère, — par un effet de la tendresse de cœur que nous vous connaissons, — de cette sensibilité si douce, si affectueuse, si efféminée — que nous avons remarquée en vous dans vos rapports avec votre famille — et, à vrai dire aussi, avec tout le monde, — eh bien, sachez-le ! que vous acceptiez ou non, — le fils de votre frère ne sera jamais notre roi. — Nous installerons quelque autre sur votre trône, — au mépris et pour la ruine de votre maison ; — et c’est dans cette résolution que nous vous quittons ici. — Venez, citoyens. Sang-dieu ! je ne veux plus le supplier.

RICHARD.

— Oh ! ne jurez pas, milord de Buckingham (60).

Buckingham sort suivi des citoyens.
CATESBY.

— Rappelez-les, cher prince : acceptez leur demande ; — si vous refusez, tout le pays en pâtira.

RICHARD.

— Vous voulez donc m’entraîner dans un monde de soucis ? — Allons ! rappelez-les. Je ne suis pas de pierre.