Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/377

Cette page a été validée par deux contributeurs.
373
SCÈNE XIII.
venu votre arrivée, un peu contre nos intentions. — Nous aurions voulu, milord, que vous eussiez entendu — le traître parler et confesser sous la terreur — les moyens et le plan de ses trahisons, — pour que vous pussiez les faire connaître — aux citoyens qui pourraient — mal interpréter nos actes et déplorer sa mort.
LE MAIRE.

— Mais, mon bon lord, la parole de votre grâce suffit : — c’est comme si je l’avais vu et entendu parler. — Et je ne doute pas, très-nobles princes, — de faire comprendre à nos fidèles citoyens — la justice de vos procédés dans cette affaire.

RICHARD.

— C’est dans ce but que nous désirions la présence de votre seigneurie, — afin d’éviter la censure d’un monde détracteur.

BUCKINGHAM.

— Mais, puisque vous êtes venu trop tard au gré de nos intentions, — vous pourrez du moins attester, d’après notre dire, ce qu’elles étaient. — Sur ce, mon bon lord maire, nous vous disons adieu.

Sort le lord Maire.
RICHARD.

— Allez après lui ! après lui, cousin Buckingham. — C’est à Guildhall que le maire court en toute hâte. — Là, quand vous trouverez le moment favorable, — insinuez la bâtardise des enfants d’Édouard. — Dites à tous comment Édouard mit à mort un citoyen, — seulement pour avoir dit qu’il ferait de son fils — l’héritier de la couronne, ne voulant réellement parler que de sa maison — qui avait ce mot pour enseigne. — En outre, faites valoir son odieuse luxure, — son appétit bestial, qui, dans ses fantaisies de débauche, — s’étendait jusqu’à leurs servantes, jusqu’à leurs filles, jusqu’à leurs femmes, — partout où