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SCÈNE VII.

TROISIÈME CITOYEN.

— Plût au ciel que tous ses oncles fussent du côté de son père, — ou, mieux encore, qu’il n’en eût aucun de ce côté ! — Leurs prétentions rivales auprès du roi — nous froisseront tous, si Dieu n’y met bon ordre. — Oh ! le duc de Glocester est bien dangereux ; — les fils et les frères de la reine sont hautains et arrogants. — Si, au lieu de gouverner, ils étaient gouvernés eux-mêmes, — notre pays malade retrouverait quelque soulagement.

PREMIER CITOYEN.

— Allons, allons, nous voyons la chose en noir : tout ira bien.

TROISIÈME CITOYEN.

— Quand les nuages se montrent, les hommes sages mettent leur manteau. — Quand les feuilles tombent, c’est qu’alors l’hiver approche. — Quand le soleil se couche, qui ne s’attend à la nuit ? — Des orages intempestifs font prévoir une disette. — Tout peut aller bien ; mais, si Dieu le veut ainsi, — c’est plus que nous ne méritons ou que je n’espère.

DEUXIÈME CITOYEN.

— À vrai dire, la crainte remplit tous les cœurs. — Vous ne pouvez causer avec personne — qui n’ait l’air accablé et tout effrayé.

TROISIÈME CITOYEN.

— À la veille des révolutions, c’est toujours ainsi. — Par un instinct divin, les esprits des hommes pressentent — le danger imminent, comme on voit — s’enfler les lames à l’approche d’un ouragan, — Mais confions tout à Dieu !… Où allez-vous ?

DEUXIÈME CITOYEN.

— Eh ! parbleu ! nous avons été mandés par les juges.

TROISIÈME CITOYEN.

— Et moi aussi. Je vous ferai compagnie.

Ils sortent.