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RICHARD III.

À Glocester.

— Ah ! noble manant, ne te détourne pas.

RICHARD.

— Hideuse sorcière ridée, que viens-tu me montrer ?

MARGUERITE.

— Le spectre de ce que tu as flétri. — Je te le ferai voir, avant de te laisser partir.

GLOCESTER.

— N’as-tu pas été bannie sous peine de mort ?

MARGUERITE.

— Oui ; mais je trouve le bannissement plus pénible — que la mort que je risque ici. — Toi, tu me dois un mari et un fils ; — et toi, un royaume ; et vous tous, allégeance. — Les chagrins que j’ai vous appartiennent de droit, — et tous les plaisirs que vous usurpez sont à moi !

RICHARD.

— Les malédictions que mon noble père lança sur toi, — alors que, couronnant de papier son front martial, — tu fis, à force d’outrages, couler des torrents de ses yeux — et que, pour les sécher, tu lui donnas un chiffon — trempé dans le sang innocent du joli Rutland, — ces malédictions, prononcées alors contre toi — du fond d’une âme amère, sont toutes tombées sur toi : — et c’est par Dieu, non par nous, qu’a été châtiée ton action sanglante.

ÉLISABETH.

— Ainsi le Dieu juste fait droit à l’innocent !

HASTINGS.

— Oh ! ce fut la plus noire action d’égorger ce marmot, la plus impitoyable dont on ait jamais parlé.

RIVERS.

— Les tyrans même pleurèrent, quand elle leur fut contée.