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tablement la fin d’Arthur, les écrivains font des rapports divers. Il est certain toutefois, que, l’année suivante, il fut transporté de Falaise au château de Rouen, et que nul ne peut affirmer l’avoir vu en sortir vivant. Les uns ont écrit que, comme il essayait de s’évader de prison et de sauter par dessus les murs du château, il tomba dans la Seine et s’y noya. D’autres écrivent qu’il se consuma dans la langueur et le chagrin, et mourut de maladie naturelle. Mais d’autres encore prétendent que le roi Jean le fit assassiner et dépêcher en secret. On ne sait donc pas au juste de quelle manière il a fini ses jours. Mais le fait est que le roi Jean resta en grande suspicion, à tort ou à raison, Dieu le sait. »

Après la disparition d’Arthur, Jean triomphe, comme tout à l’heure Macbeth, après l’assassinat de Duncan. Seulement, pour être roi, ce n’est pas son hôte que Jean a tué, c’est son neveu ; et, plus heureux que son devancier, il n’a pas de Malcolm à craindre : car il a vu mourir l’unique héritier légitime de la couronne. Il est donc bien fermement assis sur le trône, puisque le prétendant a disparu. Cependant, attendons l’avenir. En 1208, cinq années après l’horrible drame qu’Holinshed vient de nous raconter, Innocent III met l’Angleterre en interdit, pour punir le roi Jean, non d’avoir assassiné Arthur, mais d’avoir chassé de son siége l’archevêque Langton, dûment élu par les moines de Cantorbéry. L’interdit ayant duré quatre ans sans que Jean eût fait réparation à l’archevêque, le pape se décida à des mesures plus rigoureuses. En 1212, il fait excommunier le roi par son légat, le cardinal Pandolphe, prononce sa déchéance, et, en vertu de son autorité apostolique, concède à Philippe-Auguste la couronne d’Angleterre. Philippe prend Innocent III au mot, accepte l’offre, et prépare une vaste expédition pour occuper son nouveau royaume. Dans