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RICHARD III.

RICHARD.

— Qu’il me remercie d’avoir aidé à l’y envoyer, — car sa place était plutôt là que sur la terre.

LADY ANNE.

— C’est en enfer seulement qu’est la tienne !

RICHARD.

— J’ai une place ailleurs, si vous me permettez de l’indiquer.

LADY ANNE.

— Quelque donjon.

RICHARD.

Votre chambre à lit !

LADY ANNE.

— Que l’insomnie habite la chambre où tu couches !

RICHARD.

— Elle y habitera, madame, jusqu’à ce que je couche avec vous.

LADY ANNE.

— Je l’espère bien.

RICHARD.

Je le sais bien… Voyons, gentille lady Anne, — faisons trêve à cette joute piquante de nos esprits, — et revenons un peu à une méthode plus calme. — La cause de la mort prématurée — de ces Plantagenets, Henry et Édouard, — n’est-elle pas aussi blâmable que l’instrument ?

LADY ANNE.

— Tu es la cause qui a produit l’effet maudit.

RICHARD.

— C’est votre beauté qui a été la cause de cet effet : — votre beauté, qui me hantait dans mon sommeil — et qui me ferait entreprendre le meurtre du monde entier — pour pouvoir vivre une heure sur votre sein charmant.