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LE ROI JEAN.

HUBERT.

— Je ne suis pas un scélérat.

SALISBURY, tirant son épée.

Faut-il que je vole la loi ?

LE BÂTARD.

— Votre épée brille, monsieur ; rengainez-la.

SALISBURY.

— Non, pas avant que je lui aie fait un fourreau de la peau d’un assassin !

HUBERT.

— Arrière, lord Salisbury, arrière, vous dis-je ! — Par le ciel, je crois mon épée aussi affilée que la vôtre. — Je ne souhaite pas, milord, que vous vous oubliiez vous-même, — ni que vous provoquiez le danger de ma légitime défense ; — je craindrais, en ne tenant compte que de votre rage, d’oublier — votre valeur, votre grandeur, votre noblesse.

BIGOT.

— Loin d’ici, fumier ! Oserais-tu braver un noble ?

HUBERT.

— Pas pour ma vie ; mais j’oserais défendre — mon innocence contre un empereur.

SALISBURY.

— Tu es un meurtrier.

HUBERT.

Ne me forcez pas à l’être ; — jusqu’ici je ne le suis pas. Qui dit une erreur — ne dit pas vrai ; qui ne dit pas vrai, ment.

PEMBROKE.

— Coupons-le en morceaux.

LE BÂTARD.

Gardez la paix, vous dis-je.

SALISBURY.

— Écartez-vous, ou je vous écorche, Faulconbridge.