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LE ROI JEAN.

LE ROI JEAN.

— Hubert, loin de moi cet homme ! emprisonne-le ; — et qu’à midi, le jour même où il dit — que je dois céder la couronne, il soit pendu ! — Mets-le en lieu sûr, et reviens, — car j’ai besoin de toi.

Hubert sort avec Pierre de Pomfret.
LE ROI JEAN, continuant, au Bâtard.

Ô mon gentil cousin, — as-tu appris les nouvelles ? sais-tu qui est arrivé ?

LE BÂTARD.

— L’armée française, milord : tous n’ont que cela à la bouche. — En outre, j’ai rencontré lord Bigot et lord Salisbury, — les yeux aussi rouges qu’un feu nouvellement allumé, — et d’autres encore, qui allaient chercher le tombeau — d’Arthur, tué cette nuit, disaient-ils, — à votre suggestion.

LE ROI JEAN.

Gentil parent, va, — élance-toi au milieu de leurs groupes, — j’ai un moyen de regagner leur affection, — amène-les-moi.

LE BÂTARD.

Je vais les chercher.

LE ROI JEAN.

— Oui, mais va vite, le pied le meilleur en avant. — Oh ! il ne faut pas que j’aie des sujets ennemis, — quand des étrangers hostiles alarment mes villes — par la terrible pompe d’une puissante invasion ! — Sois Mercure, mets des ailes à tes talons, — et, comme la pensée, reprends ton vol d’eux à moi.

LE BÂTARD.

— L’esprit du temps m’enseignera la promptitude.

Il sort.
LE ROI JEAN.

— C’est parler en noble et vaillant gentilhomme.